Les “vrais” catholiques
en Belgique 1872-1878
Vatican I opposa fortement
partisans et adversaires de l’infaillibilité pontificale.
Après
sa proclamation par le Concile, une partie des vaincus
rompit avec Rome pour fonder des églises vieilles
catholiques. On se propose d’examiner ici à l’aide
de sources peu connues et parfois inédites (1),
les effets que ce schisme eut en Belgique.
Né à Montmirey-la-Ville (Jura) en 1821,
Jean-Pierre Depillier, qui donnera à son nom une
forme plus aristocratique, était Ie fils de cultivateurs
aisés. Après être passé par
le séminaire, il devint vicaire, puis tenté par
la vie monastique, entra en 1846 à Solesmes. Dom
Guéranger qui avait remarqué son énergie
et son habileté le chargea en 1848, dès qu’il
eut terminé son noviciat, de parcourir la France
pour quêter en faveur de l’abbaye. Pierre des
Pilliers — pour lui donner son nouveau, nom — se
tira à merveille, de cette mission, et la renouvela à plusieurs
reprises. Lors d’un de ses voyages dans sa Franche-Comté natale
il apprit que ses compatriotes souhaitaient établir
une filiale de Solesmes. L’idée plut à Dom
Guéranger. Chargé de sa réalisation,
des Pilliers parvint à acquérir, grâce à des
souscriptions, l’ancienne, abbaye cistercienne d’Acey
et y organisa une communauté dont il croyait devenir
prieur. Mais Dom Guéranger la confia à Dom
Menault que des Pilliers détestait. Ulcéré,
il refusa de se soumettre. Sa résistance fut facilitée
par le fait que Dom Guéranger, créateur extraordinaire,
mais mauvais comptable et harassé par des créanciers,
avait préféré ne pas apparaître
dans l’achat d’Acey, dont des Pilliers était
devenu le propriétaire légal. S’engagea
alors, entre les deux hommes, une querelle qui, par ses
multiples rebondissements, ne manqua ni de pittoresque,
ni d’intérêt dramatique, mais qu’on
ne narrera pas ici. On se contentera de dire que des Pilliers,
après quelques victoires à la Pyrrhus, fut
exclu de Solesmes et interdit comme prêtre, perdit
Acey par sa mauvaise gestion et récolta, en fin
de compte, devant le tribunal de Dole et en appel devant
la Cour de Besançon un an de prison, pour dissimulation
de biens. Il gagna alors Paris, devint correcteur d’imprimerie,
fit des dettes et passa en Belgique avec "la fille
Jeanne Vielle" qui était depuis longtemps sa
maîtresse, et avec un parent de cette dernière,
un frère ou un père, on ne sait trop.
Arrivé à Bruxelles
en novembre 1865, il allait y passer treize ans coupés,
il est vrai, de voyages en France. Les Vielle et des Pilliers
assurèrent en Belgique leur subsistance en ouvrant
un commerce de vins. L’ancien moine obtint aussi
quelques revenus en effectuant des recherches pour le compte
de G. Hagemans qui préparait son Histoire du Pays
de Chimay. Mais des Pilliers ne se contenta pas de ce rôle
de documentaliste. Il se fit auteur. En 1868, il commença
la publication de ses Bénédictins de la Congrégation
de France ouvrage qui, avec sa suite, La cour de Rome et
les trois évêques de St-Claude, ne fut terminé qu’en
1875. Il y retraçait en quatre volumes, dans un
récit fastidieux à force de minutie, ses
démêlés avec Dom Guéranger,
les évêques de St-Claude, les autorités
pontificales et la magistrature impériale. Malgré l’égocentrisme
qui se manifeste à chaque page, des Pilliers avait
eu l’intelligence de se présenter, non comme
un individu d’exception, mais comme une des innombrables
victimes que la dureté de Rome, des évêques
et des supérieurs d’Ordres faisait parmi leurs
subordonnés. Il dénonçait aussi les
efforts de Don Guéranger pour faire triompher l’ultramontanisme
en France et par là, "assurer par toute l’Europe
la prééminence du clergé sur les pouvoirs
civils". Il apportait ainsi sa contribution à un
des thèmes favoris de la littérature anticléricale
de l’époque (2).
Puis, il doubla son activité d’écrivain
par cel1e de journaliste en publiant, à partir de
1869, avec une périodicité irrégulière,
un pamphlet, Le Martinet. Cette publication ne connut pas
le succès. Mais, parmi ses rares lecteurs se trouvèrent
deux prêtres de Bordeaux, l’abbé Junqua
et le chanoine Xavier Mouls Ce dernier avait été pendant
longtemps le curé d’Arcachon Il s’y était
fait des amis influents comme Louis Veuillot, les riches
Israélites Pereire et même l’impératrice
Eugénie Très actif, il était parvenu
notamment à remettre à l’honneur un
pèlerinage tombé en désuétude
Les écrits qu’il avait consacrés à de
multiples sujets avaient été appréciés
et la Légion d’Honneur avait récompensé son
dévouement aux malades. Signe de sa réussite,
le cardinal Donnet l’avait alors promu chanoine titulaire à Bordeaux.
François Junqua, docteur en théologie de
la Sapienza et auteur de Tiges et Fleurs de Nazareth, oeuvre
goûtée dans les milieux dévots par
son style poétique et sa pieuse ferveur, était
lui aussi un protégé du cardinal Donnet.
Comment ces deux hommes bien
en cour en étaient-ils
venus à entrer en contact avec un personnage aussi
hétérodoxe que des Pilliers ? Selon François
Combes, historien fort conformiste du cardinal Donnet,
leur évolution s’expliquerait par l’amertume
qu’ils avaient ressentie à n’être
pas soutenus par l’archevêque de Bordeaux dans
leurs prétentions à la mitre (3).
L’accusation
n’est pas entièrement dénuée
de fondement, du moins pour Mouls qui rappellera souvent
qu’on avait songé à faire de lui un évêque.
Mais l’explication est insuffisante car l’hostilité des
deux Bordelais à l’ultramontanisme et à l’infaillibilité pontificale
paraît avoir été sincère et
réfléchie. Elle les conduisit à entrer
en contact épistolaire avec des Pilliers. Puis,
Mouls vint "dans le plus strict incognito", le
voir à Bruxelles. Ils décidèrent de
transformer Le Martinet en un hebdomadaire de
ton sérieux qu’ils espéraient diffuser
largement en Belgique et surtout en France. Mouls regagna
Bordeaux tandis que des Pilliers se mettait à l’œuvre.
Grâce à un prospectus largement répandu
dans le clergé français, et qui avait rapporté cinquante
souscriptions, grâce aussi à 400 francs donnés
par "des plus honorables familles protestantes de
Bruxelles", il fit paraître à partir
de juin 1870, huit numéros de L’Ère Chrétienne.
Le succès ne couronna pas l’entreprise. On
ne rassembla que 178 abonnés et la vente au numéro
fut quasi inexistante. Deux événements bien
différents fournirent prétexte pour arrêter
l’expérience ; des Pilliers dont le tempérament
semble avoir été âcre et violent se
prit de querelle avec un voisin qui le blessa légèrement.
Décrivant cette rixe comme une machination des Jésuites,
il prétendit être obligé par ses contusions à un
long repos. Puis survint la guerre qui coupa le journal
de ses lecteurs français. Du reste, bon patriote,
des Pilliers négligeant pour l’heure les problèmes
religieux, ne s’occupa plus que de recruter des volontaires
pour l’armée française.
La paix revenue, il recommença à correspondre
avec Bordeaux, jusqu’au moment où, en
mars 1872, il vit arriver inopinément Mouls. Ce
dernier et Junqua, qui menaient une lutte secrète
contre l’ultramontanisme, avaient été trahis
par un de leurs affiliés. Ils avaient alors raidi
leur attitude et collaboré anonymement,
il est vrai, à un journal d’extrême
gauche, La Tribune de Bordeaux (4).
Ils lui donnèrent notamment
Les Mystères d’un Archevêché (5),
roman qui décrivait avec complaisance les turpitudes
d’un prélat évoquant par certains traits
le cardinal Donnet. Le scandale avait été considérable
et venait de provoquer des poursuites. Brûlant leurs
vaisseaux, Mouls et Junqua avaient alors publié,
en signant cette fois, un acte de rupture avec l’Église
romaine. Arrivés à Bruxelles, Mouls décida
avec des Pilliers d’établir en Belgique l’Église
vieille catholique que la conservatrice Assemblée
Nationale empêcherait à coup sûr de
créer à Paris. Seulement, comme ses affaires
l’appelaient en France, des Pilliers après
avoir présenté Mouls à quelques Belges,
lui laissa le soin de l’entreprise. Le Bordelais
la mena rondement. Il trouva quelques mécènes
et notamment l’agent de change Magerman. Grâce à leurs
subsides il annonça la reparution de L’Ère
Chrétienne et loua la chapelle de Berlaimont (6) pour
y installer son église. Il en prépara
l’inauguration par une propagande active et variée.
Il commença pas se gagner quelques appuis dans la
presse libérale. C’est ainsi que le 17 avril,
le Journal de Charleroi, consacrait à Mouls
un copieux article, que d’autres fort élogieux
allaient suivre dans plusieurs numéros. A Bruxelles,
Les Nouvelles du Jour et La Gazette ouvraient leurs colonnes
au schismatique. A cela s’ajoutait une brochure intitulée
par Mouls : le Vrai catholicisme en Belgique, ou ma rupture
avec Rome qui fut largement diffusée. En outre,
il tentait de faire participer à la séance
inaugurale des personnalités connues par leur adhésion
au vieux catholicisme ou en tout cas par leur hostilité à l’ultramontanisme,
tels que Doellinger, le Père Hyacinthe et les abbés
Egli et Michaud, ainsi que l’auteur anonyme du Maudit, à savoir
l’abbé Michon. Mais sauf ce dernier qui du
reste ne vint en Belgique qu’incognito (7) aucun
des invités n’assista, le 28 avril, à l’inauguration
de l’église à laquelle avaient procédé des
Pilliers, Junqua arrivé à son tour en Belgique
et Mouls
Bientôt le temple de
Berlaimont allait devenir celui dû seul Xavier Mouls.
Il ne lui fallut en effet qu’un
mois pour rompre toute relation avec des Pilliers. Un des
traits de son caractère étant l’horreur
des polémiques personnelles, il ne s’étendit
guère sur les motifs de la querelle il en alla tout
autrement du côté de son nouvel ennemi. Des
Piliers consacra à l’affaire plusieurs articles.
Ramenés à l’essentiel, ils montrent
que Mouls n’avait voulu accorder au Franc-comtois
qu’une position subordonnée que ce dernier
considéra comme humiliante. Le comité qui
assistait Mouls, après avoir exclu des Pilliers,
décida en outre de remplacer comme organe de l’église,
L’Ère Chrétienne par La Rénovation
religieuse qui parut à partir du 1er juin. Des Pilliers
polémiqua contre le nouveau journal dans son Ère
Chrétienne et aussi par personnes interposées
dans des feuilles de chantage comme L’indiscret et
L’Époque, puis il abandonna la lutte pendant
plusieurs années.
Des motifs très différents éloignèrent
Junqua de la nouvelle église. Pendant qu’elle
s’établissait, se déroulait à Bordeaux
le procès qu’avaient suscité Les Mystères
d’un Archevêché. Mais si Mouls fit défaut,
Junqua se présenta devant la Cour. Le 8 juin 1872,
les deux ecclésiastiques et le gérant de
La Tribune furent sévèrement condamnés.
Junqua récolta en outre deux autres peines de prison,
l’une pour port illégal de la soutane, l’autre,
pour s’être querellé aux Assises avec
un gendarme et fut jeté immédiatement en
prison (8). Libéré seulement
en février
1875, il regagna la Belgique où accueilli en martyr
et en héros par les "vrais catholiques",
il seconda Mouls dans son apostolat. Mais au bout de quelques
mois, son nom ne fut plus cité dans La Rénovation.
Ce silence était signe d’embarras. Mouls restait
attaché au célibat des prêtres, soutenant
que les apôtres du nouveau christianisme failliraient à leur
mission s’ils avaient une vie privée. Or,
Junqua avait pris femme et son union avait rapidement tourné au
scandale. Dès novembre 1875 les conjoints étaient
séparés et leurs avocats plaidaient devant
la justice belge à propos de la validité d’un
mariage célébré à Londres par
un ministre anglican et subsidiairement à propos
de l’administration des biens de la mariée.
On devine les commentaires de là presse.
L’anticléricale
Chronique, par exemple, concluait que Junqua, en se séparant
de Rome n’avait agi que pour des motifs intéressés
(9). En tout cas, 1'affaire
précipita chez Junqua
une évolution qui, selon lui, avait commencé pendant
son emprisonnement et qui allait transformer l’ancien
prêtre en un penseur panthéiste et socialiste
(10). Séparé de
ses deux premiers acolytes, Mouls avait tout de même
trouvé un auxiliaire
en la personne d’un jeune prêtre en rupture
du diocèse de Bruges, Léon Opsomer. Celui-ci
se chargea de prêcher la nouvelle doctrine en flamand,
secondé parfois par un pasteur, Bekking. Mais en
juillet 1873 Opsomer quitte le vrai catholicisme pour adhérer à la
société rationaliste et révolutionnaire "l’Affranchissement" (11).
A nouveau La Rénovation n’avait rien
dit de cette rupture. Mouls allait bientôt devoir
regretter ce mutisme. Après avoir abandonné la
carrière ecclésiastique, Opsomer en effet
avait été quelque temps précepteur à Marchienne
puis employé à Gosselies. Il avait gagné la
confiance de son patron, un fabricant de clous, nommé Brasseur.
Seulement, le 4 mai 1874, chargé d’aller retirer
10.000 francs dans une banque de Charleroi, il s’était
emparé de la somme et avait été faire
la noce à Paris. Arrêté, livré à la
justice belge, il fut condamné malgré une
confession émouvante à cinq ans de prison.
L’affaire fit beaucoup de bruit. La presse catholique
ainsi que le Procureur du Roi, le comte de Glymes, tentèrent
d’y compromettre Mouls.
On le voit, il n’eut pas à se louer de ses
auxiliaires ecclésiastiques. Sans doute quelques
laïcs l’aidèrent à gérer
la communauté et à rédiger son journal,
mais leur rôle ne fut que secondaire. C’est
donc bien lui qui conduisit la nouvelle église dont
l’évolution fut aussi curieuse que rapide.
Bien qu’elle ait adopté le
nom d’"église
chrétienne des vrais catholiques" elle
n’en était pas moins, au départ, une
entreprise qui se réclamait du "vieux catholicisme".
Dans les premiers numéros de La Rénovation,
on relève des éloges du Père Hyacinthe à qui
on accorde "la première place au milieu des
champions de la rénovation religieuse". Mais
dès septembre 1872, il y est l’objet, à l’occasion
de soit mariage, de commentaires acides. Allant
plus loin encore, le journal commence à parler dédaigneusement
du vieux catholicisme, qualifiant ses chefs de "sentinelles
utiles, mais un peu arriérées de la religion
de l’avenir". A partir de ce moment, le fossé entre "vieux
catholiques" et "vrais catholiques" ne cessera
de s’approfondir. Lorsqu’en 1874 Loyson donnera
des conférences en Belgique, La Rénovation
en viendra à lui consacrer des articles injurieux
et à insérer son "portrait-charge" par
le caricaturiste Bellochet, alors qu’elle évitait
d’habitude toute illustration
Aussi, en 1875, les amis de Loyson seront conduits à repartir
de zéro en Belgique et tenteront vainement d’y établir
leur culte avec l’aide d’un prêtre français
venu de Genève, l’abbé Louis Sterlin
(12) et avec celle... du P. des Pilliers (13).
Pourquoi Mouls s’est-il
séparé du
vieux catholicisme ? Des questions personnelles ont, sans
doute, joué un rôle. Loyson et ses amis se
sont méfiés du Bordelais comme le prouve
leur absence à l’inauguration de l’église
bruxelloise (14). Mais
le conflit a eu des motifs plus profonds. Tout en rompant
avec Rome, les Loyson, les Michaud, les Doellinger continuaient
sincèrement à s’affirmer
catholiques et soutenaient que moyennant des réformes,
l’Église pouvait s’adapter au monde
moderne
(15). Mouls, au contraire,
en était venu très
vite à répudier entièrement le catholicisme,
voire à ne garder du christianisme que la morale
de l’évangile. Il en était arrivé ainsi à une
religion, selon lui "naturelle" car il la prétendait
innée, et qui se résumait dans le théisme
et la croyance à l’immortalité de l’âme.
S’il maintenait un culte extérieur, c’était
uniquement pour répondre aux besoins qu’éprouvent
les hommes de s’unir à leurs frères
dans l’adoration divine et à marquer par des
rites les étapes importantes de leur vie. C’est
pourquoi, renonçant aux contacts avec les vieux
catholiques de Suisse ou d’Allemagne, l’église
bruxelloise en établit avec les unitariens anglais
(16). Encore s’agit-il
là d’une secte
protestante. En fin de compte, Mouls alla plus loin. Il
s’allia au vieux Charles Fauvety qui, poursuivant
le rêve de toute sa vie, avait fondé à Paris
1’"église laïque rationnelle" qui
ne gardait Dieu que dans un sens panthéiste et l’immortalité de
l’âme que "comme une probabilité" (17).
La même évolution
se marque dans le journal qui, après s’être
nommé "La
Rénovation religieuse, Organe officiel de l’Église
chrétienne universelle des Vrais Catholiques",
devint le 10 mai 1873 "La Rénovation - Organe
de l’Église universelle" et enfin le
3 janvier 1874 "La Rénovation Universelle".
Désormais,
la feuille ne se réclamait plus d’un culte
particulier et ses origines n’étaient
plus indiquées que par la présence, à la
manchette, des termes "Liberté de conscience
- Liberté religieuse - Fusion des cultes - Fraternité universelle".
Les cérémonies
du vrai catholicisme se modifièrent également.
Pendant les premiers temps, les réunions hebdomadaires
sont encore de véritables services religieux. Mouls
et Opsomer les célébrèrent d’abord
en soutane, et par la suite, couverts d’un "manteau
blanc oriental aux parements bleu de ciel se rapprochant
de la toge des juges". On commençait par lire
un passage de la Bible et l’on récitait
l’oraison dominicale. Puis, les deux officiants
prononçaient de pieuses harangues. La séance était
coupée d’hymnes chantés par l’assistance
et accompagnés à l’orgue. Enfin des
rituels spéciaux étaient prévus pour
les cérémonies qui, dans le nouveau culte,
correspondaient à la naissance, à l’adolescence,
au mariage et à la mort.
Les sermons de Mouls étaient
résumés
ou reproduits in extenso dans La Rénovation, et
parfois repris en brochures. Ces publications montrent
que dans sa prédication il touchait à la
fois à des problèmes métaphysiques
et à des questions d’actualité. Le
ton en était fort théâtral. C’est
ainsi qu’une de ses premières harangues est
constituée de sept longs paragraphes qui commencent
chacun par "Ministre du Dieu vivant ô prêtre
! Que vois-tu ?". Et les réponses n’étaient
pas moins ampoulées "Dans la ville éternelle,
au centre d'un immense et lugubre palais, J’aperçois
une vaste salle toute tapissée d’un triple
rang de livres et de manuscrits et au milieu de la salle,
se trouve une table couverte d’un vieux tapis portant
cette inscription latine In nomine Jesu omnegenu flectatur,
que tout genou fléchisse au nom de Jésus
Et autour de la table sont assis les principaux chefs de
la Bande Noire". Entendez par là les Jésuites.
Et Mouls met alors dans la bouche de leur Général
des propos de ce genre "N’avons-nous pas le
nerf de la guerre ? Ne sommes-nous pas plus riches que
les princes et 1es rois, que les Etats, même les
plus fortunés ! Des milliards ! Et avec des milliards
notre armée marche comme un seul homme..."
Quels furent les effets de
ces prédications, des
articles de La Rénovation et des autres écrits
de Mouls ? Les débuts du mouvement parurent assurément
prometteurs. La presse catholique elle-même note
que le public se presse au Berlaimont qui pouvait compter
de 12 à 1.500 auditeurs et le succès
de Mouls n’est pas moins vif quand il se rend en
province. Pendant plusieurs années, il ne cessa
en effet de parcourir la Belgique parlant dans plus de
quarante localités devant les publics les plus variés,
depuis celui de la bourgeoisie des grandes villes jusqu’au
prolétariat des bourgades industrielles en passant
par les étudiants de Gand et de Liège. Des
localités comme Chênée ou Seraing,
le virent revenir à de multiples reprises mais le
Hainaut fut sa terre de prédilection, à Jumet
par exemple, il prit près de 80 fois la parole.
Il se créa de la sorte, dans de nombreux coins de
Wallonie des noyaux de fidèles. Il faut noter à ce
propos le cas particulier de Mouscron où son public était
surtout fait de Français du Nord attirés
par ses attaques contre le gouvernement de l’Ordre
Moral. D’un autre côté, l’organisation
que s’était donnée la nouvelle Église
paraissait solide. Une assemblée générale
des fidèles avait désigné Mouls comme
chef et, avait élu un comité de 32 membres.
Cette équipe mit immédiatement sur pied une
commission chargée de l’administration
du journal, une autre qui veillait à sa rédaction,
une société de secours mutuel, un bureau
de charité s’occupant des malades et des malheureux,
un cercle scientifique, une chorale et une bibliothèque.
Le centre bruxellois tenta de faire rayonner le mouvement
sur tout le pays en établissant des comités
locaux. Dès octobre 1872 l’un d’eux
se formait à Anvers, exemple que suivaient tour à tour
Lumet, Charleroi, Jemappes, Liège, Chênée,
Seraing et Mouscron, enfin. Si le comité anversois
fut éphémère, les autres se maintinrent
jusqu’en 1875 au moins. Il est vrai qu’il suffisait
de trois personnes pour en constituer un et que leur but
essentiel était d’organiser les conférences,
pour lesquelles Mouls ne demandait que ses frais de route
et un cachet dérisoire, savoir 25 francs pour trois
séances. Le comité de Charleroi montra
plus d’ambition et tenta vainement de créer
une église succursale pourvue d’un ministre.
Mais très vite toute cette organisation s’effrita.
La coordination entre Bruxelles et les sections loca1es
fut mal assurée. En Juillet 1875, Mouscron était
seul à avoir réglé la modeste cotisation
que réclamait l’organe central. Il est vrai
que ce dernier fonctionnait mal lui aussi et qu’il
fallut le remanier à plusieurs reprises avant d’en
arriver, en août 77, à décider que
dorénavant "le culte rationaliste" serait
constitué par des sociétés civiles
absolument autonomes, mais qui pourraient se fédérer.
Ce projet resta du reste lettre morte. On eut aussi l’occasion
de s’apercevoir que les gros auditoires rassemblés
par Mouls étaient surtout composés de curieux
qui disparurent progressivement. Dès lors les
effectifs tombèrent au point qu’à Bruxelles,
au début de 1875, malgré l’intérêt
provoqué par le retour de Junqua, les services ne
rassemblèrent plus que 70 personnes, les jours fastes,
mais d’ordinaire une vingtaine seulement. Dès
lors, il fallut remplacer la belle, mais coûteuse,
salle du Berlaimont par une autre située rue de
la Régence. Bien que beaucoup plus modeste, elle
deviendra à son tour trop grande et Mouls finira
par renoncer aux cérémonies dominicales.
De même, en province, son public se restreint. A
Jumet-Gohyssart, il ne parle plus en 1875 que devant "une
vingtaine d’affiliés", et à Mouscron,
le 27 novembre de la même année, devant une
assemblée tout aussi maigre. A ses débuts,
la société de secours mutuel comptait rien
qu’à Bruxelles 180 membres mais en 1876, Mouls
estimait le nombre de ses fidèles à 1.245
pour toute la Belgique. Il doit s’agir là d'un
chiffre maximum mais qui, même accepté sans
critique, indique la faiblesse du mouvement.
Cette impression
est confirmée par d’autres données
fournies par la Rénovation. On n’y recense
en effet que trois "présentations" ou
baptêmes, six mariages et quatre cérémonies
funéraires. Dans plusieurs cas, on n’avait
fait appel au desservant de là nouvelle Église qu’à la
suite du refus d’un prêtre catholique. Enfin,
l’évolution du journal n’est pas moins
significative. La Rénovation avait commencé par
insérer des articles variés et notamment
de nombreuses correspondances sur la lutte menée
dans toute l’Europe par les vieux catholiques et
autres dissidents contre l’ultramontanisme. La feuille
renfermait aussi des articles sur la politique européenne
et la vie belge. La polémique y était abondante
et variée. En outre le journal menait quelques campagnes
fort originales pour l'époque, par exemple en faveur
de la crémation, mais surtout pour l’émancipation
de la femme. Au fur et à mesure des numéros,
les rubriques deviennent moins nombreuses. Les articles
d’emprunt se multiplient, ainsi que d’interminables études
qui, manifestement, ne sont autres que des morceaux de
remplissage. Il est vrai qu’ajouté à ses
innombrables conférences, le journal devait représenter
pour Mouls une tâche écrasante. La feuille
compta bien quelques collaborateurs occasionnels comme
les auteurs anticléricaux, Max Gossi (18) et
Louis Lamborelle (18 bis) et le poète
Carpentier (19), prêtre français
qui avait abandonné depuis
longtemps l’Église romaine, le géomètre
arpenteur A. Bogaert (20), le professeur
Grégoire
et quelques autres. Mais pour l’essentiel, il était
rédigé par Mouls lui-même. Cette situation
suffirait à elle seule à montrer qu’il
n’avait pas conquis de disciples dans le monde politique
et intellectuel. Cette impression se renforce lorsqu’on
analyse les données que l'on possède sur
certains fidèles. Le plus important est un fabricant
de vernis et négociant, Auguste Bassompierre, qui
ajoutant à son nom la particule, se faisait passer
pour le descendant du maréchal français,
prétention démentie par l’état
civil (21). Gravitent
encore autour de Mouls un marchand de vins, Raingo (22) et
une de ses parentes, vendeuse de faux-cols ; A. Bled, associé dans
une entreprise "d’étiquettes
sur cartons, bois et métaux", le maître
tailleur, Jean Cwalosinski et quelques autres artisans
et commerçants. On rencontre aussi dans son entourage
J.A. Vignix; écrivain public, agent d’affaires...
et recruteur pour compte de l’armée coloniale
hollandaise, l’huissier de justice, A.Wadin (23) et
Laporte qui se chargeait de traquer, pour le compte de
sa clientèle, les débiteurs défaillants.
En province, l’église peut compter sur quelques
amis généreux. A Liège, une demoiselle
Demeure; à Charleroi, un ingénieur, A. Royer,
qui se mariera selon le nouveau rite et un notable prêt à donner
2.000 francs pour ériger un temple ; à Mouscron,
l’expéditeur en douane Lagast-Duvernay
(24), et à Wanfercée-Baulet,
l’avocat
Léopold Denys.
Mais pour la plupart, les fidèles
du vrai catholicisme se recrutaient dans des milieux beaucoup
moins aisés. La preuve en est fournie par les souscriptions
ouvertes par la Rénovation. En cinq ans, elles ne
rapportèrent que 4.126,50 francs soit 825 francs
par an. Et, le résultat aurait encore été moins
brillant sans les gros versements effectués par
Bassompierre et quelques autres. Les 40 francs que donne
le groupe de Marchienne en 1873 proviennent de 14 donateurs.
En 1875, le "Cercle dé la Civilisation et du
Progrès" de Pâturages qui prétend
grouper plus de 200 membres ne réunit pourtant que
10 francs. Les lieux où parle Mouls, après
avoir perdu ses temples bruxellois, sont aussi révélateurs.
Ses conférences se donnent désormais dans
des estaminets situés dans les quartiers populeux
de la ville ou dans des communes ouvrières de Wallonie.
Aussi comprend-on qu’il ait été forcé,
en septembre 1877, d’arrêter la publication
de son journal.
Pourtant cette disparition et celle des services hebdomadaires
ne vont pas arrêter ses activités. Mais elles
vont désormais revêtir un caractère
qui s’annonçait du reste depuis longtemps.
Il y avait en Mouls du "docteur Jekyll et M. Hyde".
D’une part, nous l’avons vu, il avait fait
triompher dans son église le pur déisme,
mais en même temps, il était attiré par
des formes toutes différentes de la pensée
religieuse. Ainsi, à la mort de Vintras (25), il
lui consacre un article orné de cette conclusion
peu rationaliste "Ses nombreux sectateurs belges,
français, russes etc., etc, se nourrissent de la
lecture de ses écrits, vénèrent le
prophète comme un précurseur du nouveau Messie.
Il est mort, mais doit bientôt se réincarner
pour être le Jean-Baptiste du Christ qui doit renaître
pour régénérer la face de la terre.
Attendons les événements." L’article
donne du reste à penser qu’il avait rencontré Vintras à Bruxelles
(26), mais les contacts qu’il eut avec lui furent
moins importants que les relations qu’il noua avec
les spirites belges (27). Dès la fondation de son église,
plusieurs d’entre eux y adhèrent, à commencer
par Bassompierre, suivi par Lagast-Duvernay, Vanderyst
qui défend le vrai catholicisme à Spa et
ceux qui le propagent à Liège. D’abord
discrète, leur influence se fait fortement sentir
dans le journal, à partir d’octobre 1874.
Les réserves, pourtant modérées, que
Bogaert et Grégoire avaient émises au sujet
d’Allan-Kardec et de ses émules dans La Rénovation,
provoquent une mise au point dans laquelle Mouls magnifie
le spiritisme qui, selon lui, en prouvant "par des
effets sensibles, tangibles" la réalité des
esprits, démontre l’existence de Dieu. Cette
doctrine établit ainsi un juste équilibre
entre l’athéisme et la foi "aveugle" puisqu’elle
fonde l’ordre surnaturel sur "l’évidence
des faits purement naturels". A partir de cette époque,
La Rénovation fait une large place au spiritisme
que Mouls défend en outre dans des conférences
contradictoires. De plus, il participe en 1875 au congrès
tenu à Bruxelles par le mouvement. Sa foi est celle
du charbonnier, elle résiste au procès de
Buguet, mystificateur qui fournissait à ses victimes
des photos d’êtres chers, disparus depuis longtemps.
Désormais Mouls affirmait que l’âme était
protégée par une enveloppe ou "peresprit" qui à la
différence du corps ne se décomposait pas à la
mort. Tout au contraire elle pouvait "avoir des relations
d’outre-tombe comme l’attestent tous les monuments
de l’histoire". Aussi les démonstrations
auxquelles se livrait à Bruxelles le médium
Slade s’expliquaient logiquement par la présence
d’un "esprit amateur de son fluide et de sa
personne." et qui ne le quittait "ni le jour
ni la nuit".
Mais de tous les phénomènes
dont la clé était
fournie par le spiritisme, celui qui passionnait surtout
Mouls, était le magnétisme. Son intérêt
s’était déjà manifesté dans
Les Mystères d’un Archevêché.
Seulement il parlait à l’époque de
l’art du magnétiseur avec une sorte d’horreur.
Changeant d’attitude, il en deviendra le champion
sous le pseudonyme de "docteur Conrad". Désormais,
tandis que Mouls prône le spiritualisme épuré de
Fauvety, de Larroque et de Tiberghien, son double fonde à St-Gilles à l’estaminet
du Morian "L’Athénée Mesmer" où une
vingtaine d’élèves suivaient deux fois
la semaine "un cours théorique et pratique
de magnétisme et de somnambulisme. Après
des examens sérieux, ajoutait La Rénovation,
des diplômes ou brevets de capacité seront
délivrés, et les médecins qui voudront
faire magnétiser leurs malades seront sûrs
de trouver dans l’établissement des magnétiseurs
intelligents et capables, de précieux auxiliaires
d’art médical". Dans ce domaine, le docteur
Conrad se mit à prêcher l’exemple. Selon
La Rénovation: "On dit que ce docteur opère
avec ses mains des cures merveilleuses ; qu’un jour,
la foudre tombant sur lui, le laissant à demi-mort
le satura de fluide électrique et le transforma
en pile electis-vitale ; que depuis cette époque,
il n’a qu’à toucher un malade pour le
guérir comme par enchantement." Conrad exerça
ses talents surtout dans des bourgades du Hainaut où il
avait trouvé des partisans fanatiques. A Roux, à Jumet
et dans quelques autres localités, il multipliait
les séances, se faisant assister par un médium
de douze ans, la petite Amélie Chardon. Le journal
annonçait le 1er janvier 1876, par exemple, que
quelques jours plus tard à Jumet "endormie à distance
par la simple volonté du magnétiseur, Amélie,
les yeux grands ouverts, fixes, immobiles, insensibles à la
lumière d’une bougie qui les touche, mais
fascinés par un simple verre à lunettes du
magnétiseur, roulera comme une toupie, renversera
tous les obstacles pour suivre son guide. Les yeux subitement
fermés, convulsés, bandés, elle obéira à la
pensée de son magnétiseur et fera des mouvements,
des poses artistiques impossibles à l’état
de veille." Ces démonstrations n’étaient
pas pour Mouls un spectacle, mais la preuve du pouvoir
magnétique Habilement utilisé, le fluide "ou
agent fluidique universel" devait guérir bien
des souffrances et en particulier toutes les maladies nerveuses.
Et Mouls qui avait du reste un physique de "jettatore" (28) multiplia
les cures au point que selon un témoignage
sérieux, chaque fois qu’il organisait une
séance, on lui conduisait tous les "éclopés
des environs".
Lorsqu'il dut cesser la rédaction
de son journal, il se consacra entièrement au magnétisme.
Installé à Chapelle-les-Herlaimont chez son
medium, la femme Cambier dite "la grande Térau",
il exerça son art jusqu’au moment où la
tuberculose l’emporta le 5 juillet 1878. Sa disparition
ne fit guère de bruit dans la grande presse. On
sait pourtant que sa dépouille fut conduite le 8
au cimetière par les quelques fidèles qu’il
avait gardés à Bruxelles, mais surtout par
les nombreux amis qu’il s’était conquis
dans le peuple de la région (29).
Ainsi, en quelques années,
une entreprise qui, à en
juger par la presse du temps, avait débuté avec
des chances de succès, aboutissait à l’échec
alors qu’elle réussissait en Suisse et en
Allemagne. Sans doute, le vieux catholicisme avait été favorisé dans
ces deux pays, par les circonstances politiques et même
par la situation de l’Église. Les choses s’étaient
présentées différemment en Belgique.
Mouls avait espéré que plusieurs centaines
de prêtres se rangeraient sous sa bannière.
Seul le calamiteux Opsomer s’y était rallié.
Sans douté d’autres clercs et des fidèles
avaient été troublés par la proclamation
de l’infaillibilité - ce fut le cas du chanoine
Gilson et celui d’une dévote liégeoise
(30) — mais leur
mécontentement
n’alla
pas jusqu’à la révolte. Les évêques
ne paraissent pas avoir craint un seul instant le développement
d’un schisme, du moins si on en juge d’après
l’état présent de la documentation
(31). En revanche, fidèles et
prêtres réagirent
violemment contre le nouveau culte. La Rénovation
parlera à de multiples reprises de services du Berlaimont
ou de conférences de Mouls troublés
par des élèves des Jésuites ou par
les ouvriers "xavériens". Ces chahuts
sont souvent même accompagnés de violences.
Parfois l’hostilité des dévots se fait
plus subtile. A Tournai (32), Mouls ne
peut prêcher
parce que les catholiques ont dissuadé les propriétaires
de salles de lui louer un local. A Mouscron, ils vont plus
loin. Exaspéré de le voir tenir régulièrement
tribune chez le peintre et cabaretier FrançoisJoseph
Bataille (33) qui avait transformé son
estaminet en musée anticlérical (34),
ils lui rachètent à haut prix son établissement,
ses tableaux et les écrits de Mouls dont ils font
un autodafé (35).
Les conservateurs gouvernant la Belgique, Mouls doit aussi
faire face à l’hostilité des pouvoirs
publics. Elle se traduit clairement dans les dossiers que
la police avait constitués à son propos et à celui
de quelques-uns de ses amis. Sans doute, l’administrateur
de la Sûreté pouvait-il soutenir que la surveillance
tatillonne à laquelle il soumettait l’ancien
chanoine, n’était pas dictée par la
religion, mais par l’intérêt national.
Sans être lui-même révolutionnaire,
Mouls s’était en effet lié étroitement
avec des proscrits de la Commune. Ses écrits avaient été diffusés
par Lemonnyer (36), puis il avait donné comme gérant
au journal l’éditeur socialiste Lachâtre
(37) qui y insérera de la publicité en faveur
de la première traduction du Capital. La Rénovation
fera l’éloge des écrits de Rocher (38) et d’Eugène Chatelain (39). En outre, Mouls
sympathise avec le déserteur Corninche (40) et avec
A. Forest (41). Aussi, le journal que publiait ce dernier
sous le titre éloquent de Polichinelle au Vatican
(42), se fait-il le champion du vrai catholicisme et Mouls
est même soupçonné par la police d’y
co1laborer.
A une époque de répression,
de tels amis devaient nécessairement compromettre
Mouls. La Sûreté devait
voir aussi d’un mauvais oeil les conférences
qu’il donnait à Mouscron puisque les propos
qu’il y tenait sur Mac-Mahon provoquèrent
des protestations des autorités françaises.
Mais dans d’autres cas il est clair que ce n’est
pas le républicain français, mais bien 1’hérétique
que persécute la Sûreté. En septembre
1875, son administrateur, Berden, le tance parce que des
affiches anticléricales sont placardées chez
Bataille. En janvier 77, il le menace d’expulsion
après sa conférence aux étudiants
de Gand, bien que Mouls se défende d’y avoir
fait allusion à la Belgique. Il y a mieux. En 1876,
les habitants de Sart-DamesAvelines, ne voulant pas
du curé que leur bourgmestre et l’archevêque
de Malines entendaient leur imposer, décident de
quitter l’Église romaine et demandent l’aide
de Mouls. Répondant à leur invitation, il
vient, leur expliquer comment ils pouvaient s’organiser
en paroisse vieille catholique tout en insistant sur le
fait que lui-même ne professait plus que la religion
naturelle. Averti de l’incident par le bourgmestre,
Berden menace Mouls de l’expulser s’il se rend
encore à Sart. L’ex-chanoine s’incline… sans
bénéfice pour le catholicisme, car des protestants,
belges et par conséquent à l’abri de
la Sûreté, persuaderont alors les villageois
de passer à la Réforme.
D’ailleurs, bien qu’il s’agisse d’un
personnage beaucoup moins remuant, Berden ne ménage
pas non plus Sterlin, le représentant dans des lettres
confidentielles au commissaire de police de Bruxelles comme
un "chevalier d’industrie".
En définitive, l’échec
du vrai catholicisme résulta moins de la pugnacité de
ses adversaires que de ses propres faiblesses. Écrasé de
travail, Mouls fut incapable de suivre une ligne cohérente,
comme le montrent les variations de son journal en bien
des domaines et notamment ses hésitations entre
un socialisme modéré, le progressisme et
le libéralisme doctrinaire, entre le rationalisme
et le merveilleux. On peut aussi croire que cette sorte
de théophilanthropie que Mouls prêchait sous
le nom de religion naturelle, ne correspondait plus à la
mentalité de l’époque. Sans doute,
elle était marquée par des sorties massives
du catholicisme. Parmi ceux qui l’abandonnaient,
les uns, en minorité, voulaient rester chrétiens
et dès lors, ils devaient préférer
au déisme de Mouls les idées de Loyson ou
celles de protestants. La majorité allait beaucoup
plus loin, dédaignait la religion naturelle pour
l’agnosticisme ou l’athéisme. Les réactions
de la presse libérale ou socialiste sont à cet égard
révélatrices. Certaines feuilles, les plus
modérées politiquement, mais aussi les plus
répandues, firent peu de place à la tentative
des vrais catholiques. Peut-être parce qu’elle
la croyait vouée à l’échec,
mais aussi parce qu’elle se refusait à transformer
l’anticléricalisme libéral en guerre
de religions. Dans un deuxième groupe — nous
l’avons vu — Mouls trouva de la sympathie ;
mais l’appui qu’il y rencontra fut purement
tactique, le vrai catholicisme étant considéré par
ces feuilles, non comme la doctrine de l’avenir,
mais comme une arme de guerre contre l’ultramontanisme.
La même attitude se retrouve au cercle de la "Civilisation
et du Progrès" qui organise au Borinage les
conférences du chanoine mais interdit à ses
membres toute pratique religieuse. Enfin un troisième
groupe combattra la nouvelle religion au nom du rationalisme.
La Chronique écrit par exemple le 9 juin 1872 : "Progrès
en quoi ? En ce qu’elle n'admet pas l’infaillibilité du
pape ? Mais que nous importe, si elle admet les quelques
autres sottises que le catholicisme impose à ses
fidèles ?" Quant à l’Internationale,
elle dénonce, le 26 mai 1872, le nouveau culte comme
une ruse de guerre de la bourgeoisie, qui voudrait combattre
grâce à une troisième force ses deux
ennemis : l’ultramontanisme et le socialisme.
Aussi Mouls aura beau inviter dans son journal, à de
multiples reprises, libéraux, francs-maçons
et libre penseurs à le soutenir (43), ils resteront
dans leur immense majorité insensibles à ses
appels (44).
Mais si Mouls devait inévitablement échouer,
en allait-il de même pour le docteur Conrad ? Il
semble que non. Certains de ceux qui avaient quitté l’Église
romaine ne l’avaient pas fait parce qu’ils
croyaient ses dogmes condamnés par la raison, mais
parce qu’ils lui reprochaient son comportement
politique et son attitude en matière sociale. Ils
regrettaient, inconsciemment parfois les consolations
que le catholicisme apportait à ses fidèles
et les pouvoirs de ses saints guérisseurs. Aussi,
vaincu comme théologien, Mouls a gardé comme
thaumaturge des fidèles jusqu’à sa
dernière heure. On pouvait partir de là pour
bâtir une église nouvelle. Faute de temps,
Mouls y a échoué. Il avait tout de même
marqué assez profondément ses disciples pour
que, à la fin du siècle encore, ils soient
venus chaque dimanche à Jumet pour écouter
le message qu’il leur transmettait de l’audelà.
S’emparant de l’esprit de son médium
favori "simple ouvrier mineur, peu lettré,
s’exprimant habituellement en patois wallon" il
commençait par leur citer des textes sacrés
puis il développait "devant eux, en pur français,
durant une heure, le sujet choisi, parlant au cœur
et à l’intelligence de ses auditeurs, les
exhortant au devoir, à la soumission aux lois divines" (45).
Trente ans plus tard, un autre guérisseur, sorti
de ce prolétariat wallon qui avait cru au Docteur
Conrad, et était passé par ces milieux spirites
qu’il avait fréquentés, réussissait
là où Mouls avait échoué. Aussi,
bien qu’il n’y ait pas eu contact direct entre
les deux hommes, on peut voir en Mouls le précurseur
de Louis-Joseph Antoine, le fondateur de l’Antoinisme.
John BARTIER
(1) Nous
avons utilisé spécialement les
dossiers constitués au sujet des chefs du vrai catholicisme,
par la police de Bruxelles (Archives de la Ville : des
Piliers — Junqua — Mouls — Sterlin) et
par celle des étrangers (Archives Générales
du Royaume: P.E. 196.079, des Pilliers —232.032,
Corninche —250.595, Mouls) et aussi le journal de
la secte : la Rénovation religieuse. Pour éviter
de multiplier des notes déjà nombreuses,
nous n’avons pas précisé, sauf quand
cela était indispensable, chacun de nos emprunts à cette
documentation fondamentale.
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(2) En 1856, des Piliers avait déjà fait
imprimer à Lyon un Mémoire à la Sacrée
Congrégation des évêques et des réguliers...,
mais il n’avait pas mis cette publication dans le
commerce et en avait même interdit la reproduction.
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(3) Histoire du cardinal Donnet, archevêque de Bordeaux,
Paris-Bordeaux, 1888, pp. 376-379.
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(4) Nombreux
détails sur ce journa1, mais pour
une période antérieure dans J. GIRAULT, La
Commune à Bordeaux (1870-1871), Paris, 1971, passim.
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(5) Les Mystères
seront réédités à Bruxelles
en 1872 par la Librairie socialiste Universelle (2 vol.)
comme l’œuvre du seul Mouls. Nous n’avons
pu prendre connaissance que du 1er tome, mais il suffit
pour se rendre compte que le roman démarque ceux
qui avaient fait la réputation de1'abbé***,
alias Michon.
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(6) Elle était située près de l’actuelle
rue de la régence, dans celle du Manège qui
a disparu.
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(7) L’Ère chrétienne,
8 juin 1872 Cfr aussi Cl SAVART, L’Abbé Jean-Hippolyte
Michon, 1806-1881 (Bibl. de la Fac. des Lettres de. Lyon,
fasc. XXVII), Paris, 1971, pp 240-250 et p. 264. Il convient
d’ajouter
que si Michon ne participa pas à l’aventure
du Berlaimont, il n’en resta pas moins en excellentes
relations avec Mouls à en juger par plusieurs articles
de La Rénovation.
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(8) Gazette des Tribunaux, 10-11 juin 1972.
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(9) Junqua avait été assisté par
Me Dansaert et sa femme par Me Demmot. Un premier jugement
lui confia la gestion des biens d’une valeur d’environ
100.000 F. Mais il laissa à son épouse la
possession de 200.000 F de diamants. Quant au fond, l’affaire
se termina en 1877, par un divorce. Junqua mourut à Paris
en 1899 (Intermédiaire des Chercheurs et Curieux,
1931, t 94, col 399-400)
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(10) G. DELFAU, Jules Vallès, l’Exil à Londres,
1871-1880, Paris, 1971, pp. 293-294 ; cfr aussi M. NETTLAU,
Bibliographie de l’Anarchie, p. 25.
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(11) Il
y demanda son affiliation le 1er juillet 1873 et fut reçu
le 7 octobre en même temps que
son patron à la suite d’une lettre dans laquelle
il se déclarait "ennemi de toute religion".
La société l’exclura le 2 juin 1874 à cause
de son procès. (H. WOUTERS, "Documenten betreffende
de Geschiedenis der Arbeidersbeweging", dans Centre
Interuniversitaire d’Histoire contemporaine,
Cahiers n° 40, p. 282 et n° 60, pp. 599 et 714.)
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(12) Né le
13 juin 1832 à Longuevoisin.
Curé de Cambronne, puis de Plainville (Oise) et
aumônier de l’armée du Nord en 1870.
Entré en contact avec Loyson, il se fixa à Bruxelles à la
fin de 1874 et lança un manifeste le 30 décembre.
Il y déclarait notamment : "En attendant
que le culte des Vieux-Catholiques ait droit de cité en
France, je travaillerai à le répandre par
la parole et par les écrits dans là terre étrangère." Mais
il annonçait que sa propagande viserait particulièrement
le Nord de la France. On ignore la durée de son
séjour en Belgique ; en tout cas, II devint curé vieux-catholique à Genève,
puis rentré en France tenta de gagner à sa
doctrine ses anciennes ouailles de Plainville (Revue du
Mouvement social, 1881, t. 2, pp. 134-135).
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(13) Les
deux hommes firent ensemble une tournée
de propagande à Verviers (Progrès de Charleroi,
23 juillet 1875). En 1878, des Pilliers qui s’était
marié, sans doute avec sa maîtresse, et qui était
devenu père, quitta Bruxelles, pour Strasbourg.
On le retrouve dès 1882, fixé à Grand-Fontaine
par St-Witt (Doubs). Il y éditait ou en tout cas
vendait de la littérature anticléricale et
exerçait encore ce commerce en 1893. (Intermédiaire
des chercheurs et curieux, 1901, t. 43, col. 1074-1075
et la Revue mensuelle..., Complément à la
publication Le Diable au XIXe siècle, 1894, pp.
127-128 et 174-176. Ce dernier périodique prétendait
en outre que la femme de des Pilliers était une
religieuse devenue franc-maçonne. Mais comme la
Revue était dirigée par Léo Taxil,
cette dernière affirmation mériterait un
sérieux contrôle).
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(14) À son retour de Belgique, Loyson aura quelques
mots dédaigneux pour Mouls (Rénovation, 20
juin 1874).
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(15) Le
15 mai 1873, Loyson écrit: "Une réforme
catholique n’est pas une réforme protestante,
encore moins une réforme déiste". (A.
HOUTIN, Le Père Hyacinthe, réformateur catholique,
1869-1893, Paris, 1922, p. 149) ; il renouvellera souvent
cette affirmation (Ibid., pp. 168, 176 et passim.) ; Michaud
se donne pour but en 1872 de "restaurer par une réforme
aussi large que possible l’ancienne église
catholique d’Occident" (R. DEDEREN, Un réformateur
catholique au XIXe siècle: Eugène Michaud,
1839-1917, Genève, 1963, p. 97). Notons encore qu’on
lit dans les statuts de l’église rédigés
par Sterlin : "Les dogmes nouveaux sont rejetés,
les anciens sont maintenus."
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(16) En décembre 1873, La Rénovation publiera
un numéro rédigé partiellement en
anglais à l’occasion d’un séjour à Londres
où les unitariens avaient invité Mouls à conférencier.
Selon un informateur de la Sûreté, ils se
montrèrent généreux, car ils lui remirent
6.500 F pour son église. Mouls prêcha aussi
dans les milieux protestants libéraux de Hollande.
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(17) On complètera le bref article qui lui est
consacré par le Dictionnaire biographique du Mouvement
ouvrier français (t. 2, p. 174) par A. ERDAN, La
France Mystique, Amsterdam, 1858, 2e éd. 2 vol.,
t. 2, pp. 335-337 et par J. BAYLOT, La Voie substituée,
Liège, 1968, pp. 372-380 et passim.
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(18) Né à Cologne en 1818, il était
devenu à Anvers un important homme d’affaires.
On lui doit des ouvrages traitant d’économie
politique et diverses publications d’esprit libéral
et rationaliste. Ses origines allemandes ne l’empêchèrent
pas d’adopter une position favorable à la
France en 1870. Sous le Second Empire), il avait du reste
aidé plusieurs proscrits républicains
et notamment A. Perdiguier.
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(18 bis)Cfr l’article
nécrologique que lui
consacre le 1er juillet 1894, La Lanterne de Bruxelles.
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(19) Vicaire à Dunkerque, il abandonna l’église
vers 1840 et se fixa à Bruxelles où il vécut
des leçons de littérature et d’une
pension que lui faisait le prince de Ligne. Il mourut le
12 mai 1875.
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(20) Il fournira notamment à La Rénovation
une série de biographies peu originales des chefs
du libéralisme belge.
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(21) Liège, 29 juin 1817 — Etterbeek, 28
août 1886. Il avait épousé Anne-Marie
Parys, née à Bruxelles, le 16 novembre 1832,
sœur d’un imprimeur fort connu dans les milieux
libéraux et maçonniques.
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(22) Il s’était distingué en 1871,
par sa propagande en faveur de la Commune (WOUTERS, op.cit.,
cahiers n° 60, p. 388). Son passage par le vrai catholicisme
sera bref à en juger par la disparition des réclames
qu’il faisait insérer dans La Rénovation.
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(23) Tubize, 11 juin 1810 — Bruxelles, 19juillet
1885.
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(24) Constant Lagast (Warneton, 16 novembre 1826 — Mouscron,
25 février 1904), époux d’Elisabeth
Duvernay (Lyon, 7 octobre 1832 — Mouscron, 19 mai
1912), Un article de Mouls (Rénovation, 3 mars 1877)
montre que Lagast et sa femme passaient pour des originaux.
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(25) Cfr notamment ERDAN, op. Cit., t 1, pp 163-183 et
M. GARÇON, Vintras, hérésiarque et
prophète, Paris, 1928.
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(26) Vintras qui avait vécu en Belgique y compta
plusieurs disciples et notamment le Courtraisien Joseph
Vercruysse-Bruneel qui publia en 1860 sous le pseudonyme
de Joseph de la Félicité La Régénération
du Monde. Opuscule dédié aux douze tribus
d’Israël.
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(27) Bien qu’incomplet, le meilleur exposé sur
les origines du spiritisme en Belgique reste celui de P.
DEBOUXHTAY, Antoine le Guérisseur et l’Antoinisme,
Liège, 1934, t. 1 (seul paru), pp. 11-35.
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(28) Etoile Belge, 9 juillet 1878. Cfr aussi Le Soir,
17 juillet et 1er octobre 1974.
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(29) "Plus de 1.200 personnes ont suivi ses restes
jusqu’au cimetière communal, donnant un dernier
témoignage d’estime à l’homme
de bien qui n’est plus, car, à côté de
Mouls, sincère adepte du magnétisme animal,
se trouve Mouls charitable, vivant de peu, se privant même
pour venir en aide au malheur. Les pauvres perdent en lui
un cœur qui leur était entièrement
attaché et une main toujours ouverte pour les secourir." (Gazette
de Charleroi, 11 juillet 1878.)
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(30) Chanoine B. GILSON, Oeuvres posthumes, Bruxelles,
1904-1905, 2 vol., t. 2, pp. 246-247.
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(31) Les Archives de l’Archevêché dans
leur classement actuel ne contiennent rien sur la question.
Il est certain en tout cas que l’épiscopat
ne s’en est jamais préoccupé dans ses
assemblées ; cfr A. SIMON, "Réunion
des évêques de Belgique», 1864-1883,
dans Centre inter-universitaire H.C., cahier n° 61.
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(32) Article symptomatique à ce sujet dans Le Courrier
de l’Escaut (cité par Le Courrier de Bruxelles,
16 avril 1874.)
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(33) Audenaerde, 1821 — Mouscron, novembre 1879, époux
de Séraphine Dehontin, marchande.
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(34) "Les scènes les plus comiques des couvents,
du confessionnal de la sacristie et des pèlerinages,
se déroulent aux yeux ébahis... Le curé de
Mouscron est mis sous une cloche, le Christ au Vatican
fulmine contre les vendeurs du Temple", etc., etc.
(Rénovation, 23 septembre 1876).
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(35) Le café fut vendu 60.000 F alors qu’il
n’en valait que 25.000 (ibid., 23 juin 1877).
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(36) Dictionnaire du mouvement ouvrier, t. 7, p. 119.
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(37) Ibid., t. 6, pp. 441-442.
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(38) Ibid., t. 9, pp. 16-17 ; mais le Dictionnaire ignore
la carrière belge de Rocher.
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(39) Ibid., t. 5, p. 80.
Retour
(40) Né à Toulon, le 2 septembre 1849. Engagé au
80e de ligne, Corninche était en garnison à Metz
en 1870. Compromis, lors du plébiscite par la propagande
républicaine qu’il menait auprès de
ses camarades, il déserte, au début de mai.
Après avoir séjourné à Luxembourg,
il arrive à Bruxelles en août et devient typographe.
C’est à ce titre que Mouls l’utilisera
comme gérant pendant quelques mois. Intelligent,
mais buveur et instable, il passera d’atelier en
atelier et se fera un moment chansonnier. Il disparaît
de Bruxelles en 1883, abandonnant une femme et une fille
en bas âge.
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(41) F. SARTORIUS et J.-L. DE PAEPE, Les communards en
exil, t. à p. des Cahiers Bruxellois, t. XV-XVI,
1970-1971, pp. 38-49.
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(42) 26 mai 1872. Du reste, Corninche était également
mêlé à cette publication.
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(43) C’est pourquoi La Rénovation insère
de nombreux articles à la gloire de Théodore
Verhaegen, de Lebeau, de Bara ou de la maçonnerie
(par exemple, 5 février 1876)
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(44) Même Gossi, malgré sa réputation
de générosité, ne souscrit que pour
des sommes dérisoires
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(45) L. DENIS, Christianisme et spiritisme, Paris, 1898,
pp 329-330, cfr aussi les commentaires de R GUENON, L’erreur
spirite, Paris, 1923, p 368.
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(46) Qu’il nous soit permis de remercier ici Mlle
M. Martens, Mme Ch. Beaurain et MM. Duvosquel, Miroir et
Willequet qui nous ont procuré plusieurs renseignements
précieux.
Retour
Université Libre de Bruxelles
Institut d’Histoire
du Christianisme
PROBLEMES D’HISTOIRE DU CHRISTIANISME
- 4 - 1973 – 1974 -
Editions de l'Université de
Bruxelles
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