SUR LE BASSIN D'ARCACHON
PAR M. P. KAUFFMANN
(voyage exécuté en 1898)
Origine des parcs et leur organisation. - Culture des huîtres.
-
Visite aux parcs. - Mœurs des parqueurs.
- Action d'éclat.
I
En 1860, M. Coste, inspecteur des pêches
et pisciculteur distingué,
frappé de la richesse incomparable du bassin d'Arcachon, créa sur
celui-ci trois ou quatre parcs-modèles, destinés à conserver le
frai de l'huître. Ce fut à la suite de son rapport concernant la
richesse ostréicole du bassin, adressé au Ministre de la Marine,
que l'ostréiculture prit un grand développement.
La spéculation se précipita alors sur cette contrée, assaillant
les bureaux de l'inscription maritime de demandes de concessions
et de dépôts. Bien des solliciteurs se trouvaient être de hauts
fonctionnaires, de riches capitalistes, à côté de nombreux marins
du littoral. En l'année 1864, me raconte M. Gourcy, un Arcachonnais
bien placé pour connaître à fond cette grande question de l'ostréiculture,
il y avait à Arcachon une marchande de poissons que l'on nommait
Coryeauté Veaucouver. Elle eut l'idée de se mettre à la tête d'un
comité de quelques marins, et de faire signer une pétition demandant
pour chacun d'eux une petite concession de parc sur les domaines
de l'État.
Plusieurs réunions eurent lieu en plein air; dans l'une d'elles,
tenue sur la plage, elle fit un discours en patois par lequel elle
engageait les marins à nommer des délégués qui seraient chargés
de faire le voyage de Paris afin d'aller présenter, soit à l'empereur
Napoléon III, soit au Ministre de la Marine, la supplique des marins
du littoral d'Arcachon. Cette brave femme fut déléguée seule, et,
après un vote assez embrouillé, on fit une quête qui réunit les
fonds nécessaires à son voyage. La pétition remise en bonnes mains,
le ministère y répondit en chargeant les bureaux de la Marine du
quartier de la Teste de Buch de donner à chaque marin qui en ferait
la demande un petit parc de 40 ares, et 20 000 huîtres comme première
garniture, afin que chaque nouveau parqueur pût avoir sur sa concession
les mêmes naissains nécessaires à une bonne reproduction. Malheureusement,
le succès ne répondit pas pour les parqueurs à la bonne volonté de
l'Administration. Certains d'entre eux n'attendirent pas la reproduction,
vendirent leurs huîtres et, abandonnant leurs parcs, achetèrent
des filets pour se consacrer à la pêche ; d'autres se contentaient
de faire trois ou quatre visites par an à leur parc, y cueillant
les huîtres oubliées ou venues sur le sol, et les vendant au fur
et à mesure de leur reproduction. Néanmoins, par suite des nombreuses
concessions octroyées à des parqueurs plus soucieux de leurs intérêts
et plus sérieux, petit à petit la culture de l'huître se perfectionna
dans d'admirables conditions et arriva à prendre un essor nouveau à partir
de 1871.
Actuellement, le nombre total des parcs du bassin s'élève à environ
3.500, occupant plus de 4.000 hectares, répartis entre près de
350 concessionnaires. Ces concessions accordées par l'État sont
soumises à des prescriptions réglementaires qui ne constituent
point un droit de propriété, mais seulement un usage temporaire
et révocable au gré de l'Administration. Il en résulte que les
concessionnaires se trouvent, par le fait, détenteurs d'un bien
qui peut leur être enlevé d'un jour à l'autre par un simple caprice
administratif; ce pourrait être fort désastreux pour l'ostréiculteur
qui risquerait de perdre d'un coup le fruit de longues années de
travaux et de capitaux engagés. Il serait à souhaiter que l'Etat,
plus soucieux des intérêts généraux, considérât plutôt ses concessionnaires
comme des locataires ou des fermiers pour une période de tant d'années
renouvelable. Cela inspirerait aux concessionnaires une plus grande
confiance et leur permettrait d'étendre leur travaux avec la certitude
d'un résultat plus satisfaisant et plus rémunérateur eu égard au
prix de redevance : celui-ci est de 45 à 50 francs l'hectare, les
concessions sont gratuites pour les inscrits maritimes.
Lorsque je vins pour la première fois à Arcachon, j'y arrivai
vers la fin de la marée montante. C'était le soir, au moment du
coucher du soleil, dont les derniers rayons, rougissant l'extrémité clapotante
des vagues, incendiaient de leurs feux multiples les dunes lointaines
du Nord du Bassin, tandis qu'à l'Ouest la verdure sombre des pins
se détachait brutalement sur le ciel empourpré. Au milieu du Bassin,
un seul banc, l'île aux Oiseaux, émergeait complètement au-dessus
des eaux; quelques goélands attardés voletaient sur sa surface
dans le dernier glapissement du soir. De ci de là, quelques pontons,
légèrement balancés par le flot, piquaient d'une note blanche un
peu rosée mais plus brillante, la surface des flots, dont les tons
superbement orangés reflétaient les nuances variées du ciel enflammé.
Les barques sur la plage étaient à leur poste de mouillage ou ancrées
dans le sable, que bleuissait petit à petit la nuit descendante.
Quelques fugitifs éclairs de voiles blanches apparaissaient de
temps en temps dans le fond du Bassin. D'un marin arrêté comme
moi sur la plage et que j'interrogeai, j'appris que ces embarcations étaient
celles des parqueurs qui, pour être debout dès les premières minutes
de la mer basse, se dirigeaient vers leurs parcs, afin d'y passer
la nuit dans les chenaux, à couvert sous la voile. Dès les premières
lueurs de l'aube, j'étais réveillé par les éclats de voix des parqueurs
et le bruit de l'appareillage des bateaux. Je fus rapidement debout
et m'empressai d'ouvrir largement la fenêtre de ma chambre. Le
coup d'œil de la veille avait complètement changé. Vers le Nord-Est,
une longue brume grisâtre s'étendait sur le bassin, quelques étoiles
pâlotes, encore papillotantes, donnaient un dernier adieu à la
nuit ; le ciel commençait à s'éclairer de lueurs verdâtres qui
n'allaient pas tarder à faire place à l'aurore radieuse. La plage
qui découvrait s'animait de plus en plus. De tous côtés surgissaient,
dans des éclats de franche gaieté, les parqueurs et les parqueuses
revêtues du costume pittoresque et caractéristique qui distingue
les travailleuses des parcs : chapeau de paille en corbeille rabattu
sur les oreilles, corsage serré à la taille d'un court tablier
de toile de couleur et la piquante culotte rouge qui met à nu le
mollet plus ou moins bien moulé.
Je descends hâtivement sur la plage et me dirige vers un groupe
de marins qui embarquait son matériel; ma bonne fortune me fit
tomber sur un contremaître affable, auquel je fis part de mon désir
de l'accompagner au parc. Je fus accueilli avec la plus grande
cordialité, porté à bord du bateau ; cette opération était rendue
nécessaire par la hauteur de mer qui recouvrait encore la plage.
Un marin, le pantalon retroussé au-dessus du genou et les jambes
nues, me prit à califourchon sur son dos et me déposa délicatement
sur l'une des banquettes du fond. Le même procédé fut employé pour
les dames, puis l'ancre fut relevée et nous démarrâmes à l'aviron.
La brise commençant à se faire sentir, la voile fut hissée à quelques
cinquante mètres de la plage. Du côté de la Teste de Buch, au fond
Sud du Bassin et à la pointe de l'Aiguillon, le coup d'œil était
vraiment merveilleux. Une quantité innombrable de petites barques
sillonnaient le Bassin, se dirigeant toutes vers un même but, les
unes à l'aviron, les autres à la voile. Toutes ces embarcations
sont construites sur le même modèle et portent à l'avant, peint
en blanc, un numéro d'ordre avec les deux lettres : L. T. (La Teste)
siège du bureau de l'inscription maritime. Rien de plus joli et
de plus amusant que l'aspect de cette flottille uniforme, marchant à peu
près à la même allure. Dans les premières lueurs de l'aurore, l'apparition
en est vraiment presque fantastique. Derrière nous s'étend au large
le vaste et admirable panorama d'Arcachon, que commence à baigner
de ses rayons dorés la première lueur du soleil levant. Derrière
la cité, une chaude vapeur se dégage du fond de la ville d'hiver,
qui disparaît dans la lourde verdeur des pins maritimes.
Nous passons devant l'Ile aux Oiseaux, d'où nous voyons s'envoler
une compagnie de canards sauvages attirés par une espèce de mousse
qui recouvrait une partie des fonds vaseux de l'île et dont ces
palmipèdes sont très friands.
Autour de nous, la mer en se retirant nous permet de distinguer
nettement à travers la transparence de l'eau les bancs recouverts
de leurs parcs. Ça et là, les claires se découvrant mettaient à jour
leurs haies de pins légers, au panache vert ondulant, et les caisses
ostréicoles qui bordent les parcs.
Nous touchons au terme de notre voyage, la barque affleure les
parcs, nous pénétrons dans un chenal où nous nous amarrons enfin
auprès d'un ponton de garde.
II
Notre traversée n'a pas été longue, trois quarts d'heure au plus
; du reste une bonne brise d'Est-Sud-Est avait largement contribué à nous
faire marcher rapidement.
De la cheminée du ponton s'élevait une légère colonne de fumée
qui le faisait vaguement ressembler à un bateau à vapeur. C'était
probablement le premier repas du gardien qui s'apprêtait. Invité à débarquer,
mon brave contremaître me fit monter sur le ponton en attendant
la mise à sec complète des parcs. A peine avais-je mis le pied
sur le pont que de la porte d'entrée de l'intérieur s'avança assez
vivement un homme grand, sec et long comme un jour sans pain, que
son costume de bon bourgeois distinguait de nos marins. Il était
coiffé d'une casquette américaine qui le faisait ressembler vaguement à un
officier de marine. Présenté par le contremaître qui lui fit part
de mon désir, ayant moi-même décliné mes titres et mes excuses
je fus reçu avec franchise et cordialité. J'étais en pays ami et
M. D... dont la connaissance fut vite faite me le prouva immédiatement.
Le soleil était à peu près complètement
levé et ses teintes
rosées et dorées faisaient autour de nous comme un grand embrasement.
La mer s'était tout à fait retirée des bancs de sable, j'avais
sous mes yeux toute une grande étendue de parcs qui se perdaient
dans la brume matinale de l'horizon. Arcachon avait disparu dans
une buée grise, seules les dunes du Nord s'estompaient dans une
poussière verdâtre que lui donnaient les semis de pins.
Mon nouvel ami était un des principaux ostréiculteurs d'Arcachon.
Avant de descendre sur l'exploitation, M. D... me fit admirer,
dans un grand geste circulaire, l'aspect si curieux qu'offrait
en ce moment cette vaste étendue de culture sous-marine. La mer
avait complètement mis à sec notre ponton, les blancs de sable
ou crassats étaient découverts et de tous côtés un fourmillement
d'hommes, d'enfants et de femmes travaillaient courbés sur les
parcs comme les travailleurs d'un champ de culture maraîchère
ou les glaneurs d'un champ de blé. Par le fait, cette culture a
la plus grande analogie avec celle des terres. Je ne puis mieux
faire que de reproduire la description de l'abbé Mouls, auteur
de plusieurs ouvrages sur l'ostréiculture et le port d'Arcachon.
Elle rend exactement ce que j'avais sous les yeux.
"La connaissance du terrain, sa préparation, les semailles
des huîtres-mères, la récolte du naissain, le détroquage ou désagrégation
ces jeunes huîtres, leur distribution sur d'autres fonds, la destruction
des coquillages et des végétaux qui pourraient les étouffer ou
leur nuire, établissent une ressemblance frappante entre l'agriculture
sous-marine et l'agriculture proprement dite. On cultive une huître
comme un grain de blé." Chaque parc est comme un jardin divisé en
compartiments ou carreaux, limités par des jalons ou par d'étroits
sentiers, et dont l'aménagement intérieur rappelle celui des maraîchers
des environs de Paris.
Le coup d'œil était vraiment intéressant.
Nous descendîmes à
terre et sous la conduite de mon aimable et obligeant cicérone,
je fis le tour du propriétaire, m'arrêtant et étudiant tout le
travail par le menu. Mon compagnon mettait dans ses explications
très détaillées, non seulement la plus grande complaisance, mais
encore une certaine dose de gloriole bien légitime.
Comme nous étions aux derniers jours de septembre, ma bonne étoile
me faisait assister aux premiers travaux de l'année ostréicole,
qui commence au 1er septembre pour finir au mois de juillet.
Le sol qui devait contenir les claires venait ces jours derniers
d'être débarrassé au préalable de ses matières inutiles ou nuisibles,
herbes marines ou moussillon, mais on en avait conservé une certaine
quantité dans la partie avoisinant la construction de l'écluse
de séparation, afin d'éviter le creusement qui pourrait se produire
en vidant la claire. Précisément à ce moment quelques marins, sous
la direction du contremaître, organisaient tout un système de claires
ou bassins. Voici en quoi consiste ce travail : les claires sont
placées de préférence dans la partie la plus basse de l'exploitation,
afin de rester à chaque marée le moins possible à découvert, et
disposées de façon à ce qu'elles soient à l'abri du mauvais temps
et de la mer de fond. Leur longueur varie entre 40 et 50 mètres
sur une largeur de 10 à 20. Une digue les entoure, mesurant 0 m,30
de hauteur sur 0 m, 50 à 0 m, 60 de largeur. Elles sont solidement
construites en argile que l'on prend généralement dans les hautes
terres de l'Ile aux Oiseaux ou dans les prés salés de La Teste,
commune bordant le bassin à l'Est d'Arcachon.
Ces digues permettent aux claires de conserver l'eau qu'elles
contiennent, lorsque la marée est basse. Afin de les maintenir
solidement, on les entoure de planches de 0 m,02 à O m,03 d'épaisseur,
appuyées à de forts piquets qui, solidement enfoncés dans le sol,
les relient entre elles et les tiennent ainsi encadrées ; ces piquets
sont placés extérieurement et intérieurement à un mètre d'intervalle.
Ces planches sont d'une largeur d'environ 0 m, 20. Il faut éviter
avec soin qu'il y ait le moindre vide, soit au-dessus, soit au-dessous.
Au-dessus de ce blindage de planches, on fixe une sablière de Om,30
de largeur faisant saillie des deux côtés. Cette sablière est destinée à arrêter
les crabes et autres destructeurs de même nature, lesquels, attirés
par les jeunes huîtres, rampent autour des claires ainsi fortifiées,
s'épuisent en efforts inutiles et, grâce à l'infranchissable sablière,
sont obligés de rebrousser chemin.
Lors des grandes chaleurs, au moment du frai, on remarque souvent
une grande quantité de goémon qui s'attache aux huîtres des claires,
et par son flottage arrive à entraîner celles-ci dans les parcs
voisins ou dans les chenaux, soit aussi sur les parcs réservés
appartenant à l'Etat, où il est interdit d'aller les y reprendre.
Aussi certains ostréiculteurs ont-ils imaginé de garnir leurs blindages
de planches d'un filet en fil de fer galvanisé tendu tout autour
des claires. Ce procédé excellent a l'inconvénient de coûter fort
cher, aussi d'autres parqueurs préfèrent-ils l'emploi de la brande,
qui du reste offre exactement les mêmes avantages. La récolte en
est facile, car cette plante qui croît en abondance dans les forêts
de pins des alentours, est d'un prix de revient assez minime. C'est
une espèce de bruyère solide et haute, que les parqueurs vont tailler
avec une hache coupante sur le côté.
Ces fagots de brande sont enfoncés debout solidement et bien rapprochés
les uns des autres, au fond d'une tranchée ouverte à 0 m, 50 environ
de distance des digues, de façon à former un rempart solide et
résistant à la lame.
Je remarquai aussi au cours de ma promenade deux marins qui enfonçaient
dans le sol de petits piquets de brande, qu'ils nomment pinechuts
en patois. Ces piquets, terminés en pointe, avaient une hauteur
d'environ Om, 35 à 0m, 40; ils étaient placés à une distance de
0 m, 15 les uns des autres, de façon à dépasser le sol des claires
de Om,25. On m'expliqua que c'était un rempart destiné à arrêter
les destructeurs de l'huître, lesquels effrayés par la saillie
pointue des piquets rebroussaient chemin.
Plus loin était un autre système de plantation, destiné lui aussi à effrayer
et arrêter dans leur élan les nombreux poissons destructeurs: on
enfonçait autour des claires de jeunes pins appelés pignons, très
flexibles, d'une hauteur d'environ 3 mètres, dépouillés de leurs
branches, sauf l'extrémité terminée par un petit panache vert ; à marée
haute, ces pignons, qui se découvrent un peu, font l'office d'épouvantail.
Entre chaque claire est installée une petite écluse qui permet
l'écoulement et l'assèchement provisoire du sol, lorsque celui-ci
a besoin d'être nettoyé, débarrassé de ses impuretés et ensablé au
fond, pour recevoir le semage des huîtres jeunes.
On ne peut se figurer la peine que donne cette lutte constante
des parqueurs contre les destructeurs des huîtres, squales, crustacés,
mollusques. Les crabes sont également fort friands de l'huître,
mais certainement l'un des plus terribles destructeurs est un simple
petit mollusque de rien du tout, que l'on nomme le bigorneau perceur
ou cormail'ot des Arcachonnais.
A l'aide de sa langue armée d'épines calcaires et enfermée dans
une sorte de trompe, ce mollusque arrive à percer assez rapidement
la coquille des plus fortes huîtres, pour se repaître ensuite de
leur chair.
Je remarquai aussi une disposition de sortes de cages en bois
fortement goudronnées, absolument remplies de tuiles creuses complètement
blanches, recouvertes d'un nombre considérable de petites huîtres
collées ensemble et qui formaient le naissain. Ces cages ostréophiles
offrent à la mer une très grande résistance et la construction
en est fort simple : elles sont formées de quatre barres parallèles
de 2 mètres de longueur, écartées de Om, 30 et reliées entre elles
par deux courtes traverses; leur profondeur est d'environ un mètre.
Ces cages renferment huit à dix rangs de tuiles de 0m, 40 de longueur,
la partie concave tournée vers le sol. Ces tuiles, appelées collecteurs,
sont d'abord blanchies, c'est-à-dire trempées dans un bain de chaux
hydraulique mélangée d'un peu de sable fin, puis séchées pendant
plusieurs jours au soleil. On les pose dans ces ruches vers le
commencement du mois de juin. C'est à ces tuiles que s'attachent
les naissains, dont le nombre peut varier de deux à trois cents
par tuile.
C'est au début du printemps que se forme et se développe dans
l'huître un frai qui ressemble à une goutte de suif, et qui n'est
autre chose qu'une infinité d'huîtres toutes formées. L'aspect
de cette substance laiteuse, qui dure de mai à septembre, fait
dire que l'huître est malade et, avec raison du reste, qu'on ne
peut en manger que dans les mois qui ont un R. Une huître mère
pouvant pondre environ 90.000 œufs par année, c'est une moyenne
de près de trois milliards d'huîtres, que produit le bassin d'Arcachon.
Le contremaître faisait précisément procéder à ce moment au déménagement
des tuiles couvertes de leurs naissains et présidait à leur embarquement
prudent à bord des bateaux qui devaient les ramener à Arcachon,
pour procéder à l'opération du détroquage.
la
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