Nous
sommes à la fin des années 50, des années
1950; presqu'un siècle après sa
constitution, le domaine fondé par Emile Pereire
va être vendu et loti, sa maison détruite
pour faire place à ce que les architectes de
la sinistre décennie qui va suivre considèrent
comme de l'architecture.
Le lotissement du domaine et la destruction de la villa
vont donner le signal : le front de mer d'Arcachon va
subir outrages sur outrages, les "promoteurs"
vont guetter la moindre occasion de remplacer les délicates
et si belles villas qui font le charme d'Arcachon, par
leurs cubes en béton. Le massacre n'ira pas aussi
loin qu'à La Baule où il ne reste rien,
mais les blessures du front de mer sont irréparables.
Jacques Desforges, mari de l'une des descendantes d'Emile
Pereire, va fabriquer pour ses enfants un superbe album
de photos avec les clichés qu'il a pris entre
1948 et 1955; M. Desforges aime ce domaine, il est un
excellent photographe et on sent dans chacune de ses
images son émotion, l'hommage qu'il veut rendre
à la beauté de ce site. Il nous invite
à une lente promenade, dans cet endroit magique,
sous le soleil de l'été; il a voulu des
photos vides de présence humaine, comme pour
se concentrer sur un sujet qui lui tenait si vivement
à coeur: il n'a cependant pas été
assez vigilant, son fils Antoine est caché dans
l'une de ces photos. Antoine qui près de 50 ans
après m'a prêté cet album pour vous
faire partager cette émotion.
Le domaine couvrait une cinquantaine d'hectares au
sud ouest du quartier de la Chapelle; l'un de ses portails
donnait sur la ville d'hiver. Sur cet "écorché",
le domaine est à gauche, la Chapelle et la ville
d'été sont en haut, et la ville d'Hiver
en bas: